Je suis parfois nostalgique des ces moments d’insouciance où la seule règle était de rentrer avant la tombée de la nuit. Il y a quelques temps, on m’a demandé de raconter un souvenir d’enfance dans le cadre d’un livre collectif.* J’ai eu envie d’écrire ce texte pour ne jamais oublier ces précieux souvenirs… Bon été à tous!
“Vive les vacances, au diable les pénitences, on met l’école en feu et les soeurs dans l’milieu!” C’était autour du 23 juin, la fin des classes. Maman nous attendait, ma soeur et moi à la sortie. Nous chantions, nous sautions de joie et d’excitation. Il faisait beau et déjà chaud. “Au temps, suspend ton vol” comme le disait Lamartine. Il aurait pu s’arrêter là, le temps, tellement j’étais transportée et heureuse à l’idée de ces 2 longs mois d’été…
Nous partions à Magog, la voiture de maman chargée à bloc puisque nous allions nous y installer pour toute la période estivale. J’avais 9 ans, et j’étais déjà folle de lecture. J’aimais particulièrement les aventures de Martine, et là, précisément, je me sentais être l’héroïne de “Martine part à la campagne”!
Ma grand-mère et mon arrière- grand-mère, que j’appelais respectivement “mamie” et “grand-maman”, nous rejoindraient très vite. C’était un véritable déménagement!
Quatre générations de femmes sous le même toit, c’était intense en émotions! Mon père qui travaillait la semaine nous honorait de sa présence le week-end. C’était notre pacha! Et nous étions si heureuses de le revoir…
Petit à petit, les amis arrivaient aussi. Nous avions tellement de choses à nous raconter car très souvent, nous nous étions dit au revoir l’été précédent.
Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, jamais ma soeur et moi nous ne nous ennuyions! Nous partions, grand-maman, mamie, maman, elle et moi , cueillir des fraises ou des bleuets, puis, faisions de la confiture et des tartes. Nous jouions à différents jeux de société ou aux cartes. J’entends encore le “tac-tac” des ongles de grand-maman sur la table qui réfléchissait judicieusement à sa stratégie… Mamie et ma soeur étaient toujours de mèche pour tricher un peu! Ce qui me mettait hors de moi! En bonne balance que je suis, j’ai toujours eu un sens aigu de ce qui est juste ou pas!
Mon arrière-grand-mère était née en 1880, ce qui donnait lieu à des discussions fort intéressantes et parfois cocasses. Je lui posais des tas de questions. Imaginez pour une petite fille de 9 ans, elle était née sans électricité, sans téléphone et se déplaçait en calèche quand elle était petite! Il y avait un énorme décalage entre son époque et la mienne. Grand-maman trouvait, que ma soeur et moi étions trop gâtées! Combien de fois avons-nous entendu l’histoire de son unique orange qu’elle recevait à Noël!
Je me souviens des heures que nous passions à nous baigner dans celui que j’appelle encore aujourd’hui “mon lac”, le Memphrémagog. Même les lèvres bleutées, nous prétendions ne pas avoir froid et faisions la sourde oreille aux appels de maman: “Les filles, venez-vous sécher, vous grelottez”! Seul le goûter tendrement préparé avait raison de l’eau! Après autant d’exercice, nous dévorions!
Je me souviens également de ces longues ballades à vélo avec les copains. Nous nous arrêtions chez l’un ou l’autre, insouciants. Nous pouvions l’être encore à cette époque. On connaissait tout le monde et on se sentait protégés, comme dans un microcosme. Rien de grave ne pouvait arriver et d’ailleurs, jamais l’idée ne nous effleurait l’esprit. Il n’y avait qu’une consigne à respecter, rentrer avant la nuit. Mais la nuit tombe tard l’été et j’avais l’impression de me coucher à l’heure des grandes personnes…
Jamais je ne me suis endormie aussi rapidement, la tête pleine d’aventures et le coeur léger.
Nous perdions complètement la notion du temps, mais les nuits plus fraîches du mois d’août laissaient présager une rentrée des classes imminente. Après avoir tout rangé, embrassé les amis, promis de nous donner des nouvelles, nous repartions.
Chaque fois, j’avais cette même réaction lorsque je revoyais Montréal et son béton; je trouvais ça laid! Alors je fermais les yeux très fort et j’imaginais mon lac, les immenses pins qui se découpaient sur le bleu limpide du ciel, j’entendais les oiseaux, je sentais le vent caresser mes joues dorées au soleil…
Puis je les ouvrais à nouveau, et je me promettais de commencer l’année scolaire du bon pied et d’être une élève appliquée. Même si jeune, je comprenais la chance que j’avais de passer des vacances aussi belles, insouciantes, et d’être entourée d’autant d’amour… Je nourrissais déjà un peu de nostalgie. Et surtout je savais que quand on a tout ce baume sur le coeur, on a envie de le partager… Merci la vie!
*Ma participation au livre “Souvenirs d’enfance”. Alex Marsolais, Béliveau Éditeur
http://www.beliveauediteur.com/DefaultPage.aspx?Key=14638&MyA=131877&MyMembreID=0&EscuelaRef=135598
Crédit photo du haut: http://www.carolinebergeron.com/
Oui, que de souvenirs . J en ai de semblables avec mon lac (lac Simon) , je viens de passer trous jours avec mes soeurs et ce lac est toujours là ….super bel héritage de mes parents et oui on en profite encore et on le partage à trois, le bonheur ……
De belles images où l’on ressent la chaleur des rayons, on entend les clapotis du lac et on s’enveloppe de la douceur des rires de mammies. Très joli.
Merci beaucoup Martïne! J’espère que tu passes un bel été! Xx
Merci Céline d’avoir pris le temps de me lire ! Bonne fin de journée!