Quand notre sein fait des siennes!

 

CarolineAllard (1)

Elle trouve le moyen d’être drôle, même lorsque le ciel lui tombe sur la tête. Elle montre qu’on peut avoir du panache (merci au coussin de chalet) même quand la maladie décime tous les poils qu’on a sur le coco. Qu’on peut narguer la Grande Faucheuse lorsque celle-ci ose nous tendre la main.

Il y a huit mois, l’auteure (télé, littérature) et professeure Caroline Allard a reçu le coup de poing que toute fille souhaite esquiver dans la vie: un diagnostic de cancer du sein. Caroline n’est pas une intime. Même si elle a côtoyé professionnellement mon chum producteur et réalisateur, nous nous croisons rarement. Combien de fois s’est-elle roulée en boule, pétrifiée, pour pleurer toutes les larmes de son corps? Combien de temps s’est-elle allongée pour se remettre des six chimios qui l’ont lessivée? L’amie Facebook que je suis ne le saura jamais vraiment. Car Caroline, qui a choisi de témoigner de sa maladie (la comédienne Anick Lemay a aussi récemment dévoilé son cancer dans Urbania) a l’attitude d’une patiente qui a le piton collé sur les réseaux sociaux. Qui, à l’image de ses textes de jadis sur son blogue Chroniques d’une mère indigne, rigole de cette tangente qu’a pris sa vie sur Facebook, s’amuse à raconter le laid, ce qui pue, se dégrade, se décompose, s’échappe de son corps, bref ce qui rend sa maladie pénible. 

Elle enlève des épines et des couches de désespoir à sa nouvelle réalité, grâce à une prose désinvolte et crâneuse. Et, du même coup, montre un quotidien de fille plus forte qu’éprouvée, capable de penser à autre chose entre deux traitements. Son large sourire demeure même dans l’épreuve. Comme si elle se jouait de sa maladie. Son médecin-traitant? Il a été rebaptisé Mononc’ologue dans ses comptes-rendus de patiente indigne. Sa cinquième chimio? Appelez-là Chimio No.5, vous savez comme dans la chanson Mambo no.5? Une lecture de ses «posts» médicaux nous permet aussi d’apprendre qu’aucune caissière à l’épicerie n’ose demander à quelqu’un qui a un foulard sur la tête une contribution à la Fondation des maladies du cœur…

Je ne suis pas dupe. J’ai moi-même eu des problèmes de santé il n’y a pas si longtemps. Je me doute bien que la vie, présentement, de cette drôle de patiente est plus gris foncé que rose fuchsia. Je cueille ainsi avec étonnement chaque morceau de ses péripéties de fille qui vit avec un cancer, en me répétant d’une fois à l’autre : Comment fait-elle pour oser tout décrire, tout dire, montrer son bras branché à l’hôpital le sourire en coin, convertir de la bouette en platebande fleurie?

Parce que face à la maladie, je suis plus enragée qu’inspirée. Parallèlement, j’ai un tempérament à m’enliser dans la complainte quand les bobos surgissent. À ne voir que ce qui peut aller encore plus mal. Je ne suis pas du genre à magnifier ce qui me fait suer. À croire que des carottes puissent pousser dans la glaise. Je ne voudrais que personne ne figure de quoi j’ai l’air dans un corridor d’hôpital, en jaquette bleue ouverte, un cathéter branché au bras. «Ça m’a pris du temps, m’a toutefois confié Caroline. Mais ça me donne beaucoup d’énergie. Et comme pour la maternité, on ne change pas du jour au lendemain quand on tombe malade. D’ailleurs, je faisais tellement de blagues, peut-être même trop, au lendemain de mon diagnostic… C’est étonnant de voir que je reste la même personne. Les choses drôles ne me font pas moins rire aujourd’hui. La meilleure façon de m’exprimer, c’est en blaguant.»

Je la comprends, même si je n’oserais pas… Je n’hésite toutefois jamais à m’abreuver des commentaires de cette patiente inspirée, «réseausocialement» résiliente, qui a le don de transformer un département d’oncologie en tout inclus au soleil. Ou presque…

 

 

Une réflexion sur “Quand notre sein fait des siennes!

  1. Bonjour!
    J’ai 44 ans et j’ai reçu le diagnostic de cancer du sein en février dernier. Nul besoin de dire que des textes comme ceux d’Anick Lemay et des réactions comme celles de Caroline Allard sont une source de soulagement devant la solitude que l’on vit face à la maladie. Solitude que l’on vit entourée d’amour de la famille et des amies dans mon cas, mais solitude tout de même quand notre vie active bascule du jour au lendemain.
    Merci de mettre en mots ce que vous vivez, mesdames, et svp continuez de la faire pour toutes celles qui y trouvent un récomfort.

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