Les parfums et les senteurs ont chez moi un pouvoir évocateur puissant. Il suffit de quelques effluves pour être transporté dans un univers du passé et revivre une émotion intense. Le temps s’arrête grâce à un parfum, une tarte aux pommes, un gazon fraîchement coupé, une pluie d’été… Des photos et des airs de musique me procurent aussi cette sensation bienveillante.
Par un petit matin gris de décembre, un courriel reçu de ma mère a piqué ma curiosité: « 835 rue L. à vendre. »
J’ai attendu d’être seule à mon bureau, loin de l’agitation familiale du début de journée, puis j’ai cliqué sur le lien…
C’était jadis la belle maison de mes grands-parents dans laquelle ma mère et ma tante ont grandi. Même pour ma soeur et moi, c’était un havre de paix lié à tant de souvenirs.
Minutieusement, j’ai regardé les photos du listing. Malgré un décor plus contemporain, je reconnaissais chaque pièce. Une visite libre était organisée le week-end suivant. J’allais m’y présenter… après toutes ces années.
Mon premier réflexe fut de me diriger vers le jardin. L’érable majestueux qui trônait fièrement n’y était plus. Il avait cédé sa place à une piscine. À l’époque, c’est sous la fenêtre de l’atelier couture de ma grand-mère que j’allais cueillir le muguet du printemps. Encore maintenant, ce parfum subtil est synonyme d’une certaine fébrilité…
De l’extérieur, la maison n’avait pas vraiment changé et depuis le hall d’entrée, il m’a semblé que son âme avait été conservée. Je ne m’étais pas trompée, un sentiment de bien-être m’envahit tout naturellement.
Cette visite aux airs de pèlerinage m’a procuré un sentiment d’apaisement et un bonheur immense. Pendant quelques minutes, je me suis replongée dans cette ambiance chaleureuse et festive, notamment celle du temps des fêtes: le sapin naturel orné de glaçons argentés dans le coin du salon, le feu ardent dans la cheminée, le White Christmas de Bing Crosby que mamie aimait tant, les bonnes odeurs du repas de Noël dans la salle à manger joliment décorée…
À chaque pas m’apparaissaient des souvenirs et des images bien précises. Je n’ai pu m’empêcher d’ouvrir en catimini le placard de la petite chambre à l’étage, celui dans lequel j’avais, bien à regret, découvert tous les cadeaux avant l’arrivée du Père Noël… Mes impressions étaient si vives qu’elles en devenaient presque réelles. Était-ce vraiment mamie que j’entendais chanter au piano?
Avant de quitter, j’ai voulu m’imprégner un peu plus de cette nostalgie et des moments heureux que nous avions vécus en famille dans cette maison du bonheur trop rapidement vendue à la disparition de mes grands-parents.
Cette période était révolue, mais trente-trois ans plus tard, je renouais avec la douceur de ma tendre enfance. Je bouclais la boucle. C’est cette magie-là qui a marqué mon coeur de petite fille et qui des années plus tard, s’est ravivée afin d’égayer mon coeur d’adulte…
Joyeuses fêtes à tous!
Crédit photo: Andrew Studer
En visite dans mon bled natal, plus de 40 ans après l’avoir quitté, j’ai été un jour pris de l’envie folle d’aller sonner à la porte de notre ancienne maison familiale. Pour guérir de vieux bobos, voir si le fantôme de ma mère y était, ou celui de moi-enfant. Et j’ai osé et on m’y a reçu gentiment, on m’a laissé errer dans la maison. Votre texte m’y ramène. que de belles émotions. Merci.
Je découvre seulement maintenant votre message, désolée du délai. Merci pour les bons mots!