Isabelle Massé est une amie chère, j’aime son humour et suis toujours heureuse qu’elle partage un billet sur #julielapie! Je vous souhaite un très bon week-end pascal! Julie Xx
Les traditions, c’est important. Il paraît… On ne sait trop pourquoi, mais on s’y accroche comme les photographes à Céline Dion pendant un défilé de mode à Paris. Je parle ici des petites activités familiales qui s’apparentent à la routine. Pas à la transmission du savoir, de la langue, des habiletés pour allumer un feu ou construire un igloo.
Dans ma famille, ces petites traditions ou occasions, programmées chaque année, sont sacrées et inscrites de notre sang dans l’agenda. Au risque de voir quelques membres bouder à l’écoute d’un commentaire légèrement dissident du genre « Pourrait-on changer de resto cette année pour la fête des Pères? ». Vous l’aurez compris, à la fête des Mères, nous nous réunissons toujours au même resto haïtien dans Cartierville. Pour celle des pères, on a souvent élu domicile à une adresse italienne de Saint-Bruno. À Noël, celui qui remet en question le montant consacré à l’échange de cadeaux risque de se faire savonner la langue.
Pourquoi on tend à conduire jusqu’à la même cabane à sucre année après année alors qu’il en existe des dizaines près de la maison ou du chalet? Pourquoi jette-t-on son dévolu et son bikini sur le même tout-inclus à Cuba, au lieu de lorgner d’autres plages et pina colada? Pourquoi le beau-frère tient-il mordicus à son Guide de l’auto de l’année, sous le sapin, depuis 1996? Un psy à cinq cennes me répondrait que, malgré son désir de découvrir de nouvelles contrées lointaines et d’ouvrir de nouveaux livres de recettes, l’être humain s’accroche à ses bons souvenirs et ses repères sécurisants.
Mais si ces gestes sécurisants devenaient périlleux? Car l’approche de Pâques a fait surgir un léger émoi en moi. Qui dit Pâques dit chasse aux œufs. Mais dans notre cas, on parle d’une chasse aux œufs de paresseux planifiée avec des sacs de cocos au chocolat étiquetés 1,99$ à la pharmacie. Disons que nous ne dévalisons pas une boutique Heyez pour cette activité! Bref, en moins de 90 secondes, ma sœur et moi cachons une soixantaine de petits œufs dans tous les coins du rez-de-chaussée de chez mes parents : craques de divan, vaisselier, armoires, bols à salade, pots de fleurs, tout est investi. Les cousins se lancent ensuite dans une frénétique quête aux chocolats qui goûtent la vieille machine industrielle. Et ce, sans évidemment calculer le nombre d’œufs exacts dénichés.
Mes parents m’ont affirmé qu’ils retrouvaient ensuite des friandises oubliées pendant toute l’année, en passant la balayeuse, en tassant des meubles ou en soulevant un coussin. Forcément, il doit donc encore en rester 365 jours plus tard et qui sont confondus avec la nouvelle cuvée de chocolats, lorsque nous reprenons notre jeu des cocos. Ma question donc : Peut-on s’empoisonner avec du chocolat cheap de pharmacie si on le mange, sans distinction, un an plus tard? Quelqu’un qui a expérimenté la chose (ou sa variante, soit la dégustation de bonbons d’un précédent Halloween), sans passer par l’urgence, peut-il me contacter pour me rassurer? Ce serait le comble de finir à l’hôpital après un jeu aussi insignifiant.
Il me vient en tête, en vous racontant cela, le désormais célèbre Cocothon de Laval en 2014. Un événement au cours duquel des parents s’étaient entretués pour récolter les quelques œufs disséminés sur l’équivalent de quelques terrains de football. J’ai soudainement le goût de dire que c’est ben ben niaiseux une chasse aux œufs. Qu’on pourrait planifier d’autres activités à Pâques en famille : jongler avec des œufs avec un artiste du Cirque du Soleil, concocter des œufs dans le vinaigre avec Josée DiStasio, jouer à La poule aux œufs d’or avec Sébastien Benoît, élever des lapins avec Martin Picard ou encore adopter un lapin Energizer. Tout pour éviter la routine, en somme. Mais quand on aime les chouettes traditions…
Isabelle Massé