Doit-on parler $$ à son enfant?

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À six ans, quand ma fille a perdu sa première dent, je me souviens avoir posé la question sur les réseaux sociaux:

– Combien la « Fée des dents » donne-t-elle de nos jours ? Parce que d’après ma fille, la Fée des dents offrait même des cadeaux sous l’oreiller à certaines de ses amies… Ouain, généreuse la Fée !

Je me doutais bien que depuis mon époque à 25 cents, les choses étaient différentes et qu’il devait y avoir eu indexation au coût de lavie ! Les réponses obtenues variaient, mais tournaient autour du 5 $. Je ne voulais pas être la  « maman cheap » mais je trouvais néanmoins que la perte d’une dent ne méritait pas un cadeau !

Rebelote à Noël avec les listes de cadeaux qui peuvent frôler l’indécence !

– « Mais c’est le Père Noël qui paie ! » Évidemment,vu sous cet angle…

Doit-on parler ouvertement d’argent avec nos enfants ?

Toutes les récentes études disent que oui, et le plus tôt est le mieux ! Encore faut-il tenir compte de l’âge des enfants et du niveau de discussion. Les Américains semblent très ouverts sur la question, notamment sur le fait de dévoiler combien nous, les parents, gagnons !

Ces dernières semaines, il y a eu beaucoup d’articles dans la presse internationale sur ce sujet surtout suite à la sortie du livre de Ron Lieber, chroniqueur, journaliste en finance personnelle au NY Times :

« The Opposite of Spoiled : Raising Kids who are Grounded, Generous and Smart about Money », guide pratique sur la façon d’aborder les questions d’argent en famille.

Ron Lieber pense qu’il faut arrêter de diaboliser l’argent, qu’il faut en parler assez tôt dans la vie d’un enfant, voir 5-6 ans. Il prétend aussi que les enfants ne sont pas dupes, qu’ils sont curieux et saisissent assez bien le milieu économique dans lequel ils vivent. Et surtout, ce journaliste croit qu’il y a une connection directe entre le fait de parler d’argent et d’enseigner à nos enfants de bonnes valeurs comme la patience (attendre pour obtenir ce qu’on désire) ou la persévérance (je pourrai m’offrir ce jouet quand j’aurai assez $), la générosité (donner à un itinérant), la modestie, la compassion (envers ceux qui ont moins que nous) etc.  Bref,  Ron Lieber pense qu’il faut cesser ce tabou de l’argent !

Selon une étude menée par le magazine Forbes, « les enfants entre six et douze ans sont assez mûrs et réceptifs pour comprendre quelques notions économiques »

Mais encore faut-il être concret !

Doit-on faire comme cet américain, Scott Parker, qui avait rapporté à la maison l’équivalent de son salaire en 1$ ? Il avait renversé le montant sur la table pour que ces ados visualisent ce qu’un mois de travail représentait. De cette somme, il avait soustrait les frais fixes mensuels tel que l’hypothèque de la maison, l’école des enfants, l’électricité, la nourriture etc. Finalement, il n’en restait pas tant que ça pour les loisirs.

L’argent de poche est une bonne façon de saisir la valeur de l’argent et de commencer à établir un budget.

Environ 1/3 des Québécois donnent de l’argent de poche à leur enfant. Plus à Montréal par exemple, que dans la ville de Québec.

Chaque famille est différente et procède selon ses moyens et ses valeurs. C’est pourquoi les approches varient.

– Il y a les parents qui donnent de l’argent en échange de corvées dans la maison.

Méthode parfois décriée puisque les tâches à la maison font partie de la vie et de la dynamique d’une famille. Est-ce qu’on me paie pour ramasser mon p’tit monde ? Non !

Il est d’ailleurs déconseillé de le faire en échange de résultats scolaires. Je dois avouer que l’idée m’a déjà effleuré l’esprit… Oh la mère indigne… Mea Culpa !

– Il y a ceux qui donnent seulement de l’argent aux anniversaires, à Noël, aux grandes occasions.

– Ceux qui donnent sans condition, chaque semaine pour simplement apprendre à économiser, parfois moyennant une tâche spécifique, comme laver la voiture.

– Il y a des parents qui sont contre l’argent de poche et qui gâte leur enfant sporadiquement, quand ils le veulent ou le peuvent.

– L’ouverture d’un compte en banque peut être une bonne façon d’initier les enfants aux réalités d’un budget. C’est une valeur pédagogique dans la mesure où on enseigne aux jeunes à faire des choix et à avoir des objectifs!

Quand je pars en vacances avec mes p’tits loups, je leur donne un montant X à dépenser pour un souvenir de voyage. J’aime beaucoup cette façon de faire parce que ça les pousse à gérer cette situation, à prendre des décisions, à faire des choix et à différencier les besoins des désirs. Il y a aussi un vrai sentiment de fierté !

Je ne donne pas d’argent de poche à mes enfants, du moins pas encore. L’idée de cette chronique a suscité une vive discussion au sein de ma famille. Surtout chez ma fille de 10 ans qui m’a avoué ne pas vouloir d’argent de poche chaque semaine.

– « J’aurais l’impression de ne plus être une enfant ! »

J’ai trouvé cette réponse touchante…

C’est vrai qu’il est important qu’ils comprennent que l’argent ne pousse pas dans les arbres, qu’il est dur à gagner. Que dans la vie on ne peut pas tout s’offrir et que même si c’était le cas, on ne serait pas plus heureux.

Mais toute vérité n’est pas bonne à dire et je pense qu’il est important de cultiver une part de magie, de naïveté et d’innocence… Après tout, ce sont des enfants qui entreront bien assez vite dans la spirale des responsabilités et du stress liée à l’argent !

Tout est une question d’équilibre, n’est-ce pas ?

Julie Xx

Ma chronique de “Ça Commence Bien” @Vtélé:

https://www.youtube.com/watch?v=dO2wz5IKBsQ«

Sources:

http://www.nytimes.com/2015/02/01/your-money/why-you-should-tell-your-kids-how-much-you-make.html?_r=2

http://well.blogs.nytimes.com/2015/02/05/well-book-club-raising-an-unspoiled-child/

http://www.jecomprends.ca/sondage-le-tiers-des-quebecois-donnent-de-largent-de-poche-a-leur-enfant

http://www.coupdepouce.com/les-enfants-et-l-argent/a/54459

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140627trib000837389/quand-et-comment-doit-on-parler-d-argent-a-ses-enfants-.html

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