Depuis le début de l’été, je retrouve mes classiques de la poésie. Certains me reviennent en mémoire, j’aime les réciter à voix haute et me laisser porter par les mots et leur musique… Voici celui qui fût un des premiers à émouvoir ma sensibilité d’adolescente. La jeunesse passe comme le temps d’une fleur…
Mignonne, allons voir si la rose
À Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard (1524, Vendômois)
Odes, I,17
Bon dimanche!
Julie Xx
Image: Jeune fille au ruban bleu, Pierre Boucher