Mais d’où viennent les expressions?

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Petit billet léger et ludique à lire les doigts de pieds en éventail, si possible au bord d’une piscine, d’un lac ou allongé dans l’herbe!

J’ai un plaisir fou à utiliser des expressions dans mon langage de tous les jours. Ce qui fait beaucoup rire mes enfants ! Les phrases semblent plus colorées et les idées, tellement plus imagées. Je fais un savoureux mélange des genres grâce à ma double nationalité : Québécoise par ma mère, Française par mon père. Je ratisse même du côté de la Suisse avec leur fameux  « Y’a pas le feu au lac ! »

Mais d’où viennent-elles ces expressions ? Quelles sont leurs origines ? Quelle est la petite histoire de la chienne à Jacques ou des bidous? Pourquoi c’est quétaine ou c’est une autre paire de manches? Derrière ces expressions se cachent des traditions, des légendes et du folklore.   Évidemment inutile de préciser que tout n’est pas coulé dans le béton ! En voici un petit résumé.

La chienne à Jacques

J’adore cette expression ! Qui est Jacques, qui est sa chienne ? Expression du bas du fleuve datant du 19e siècle. Jacques Aubert était un célibataire endurci et vivait avec sa chienne qui avait une maladie et avait perdu tout son poil. Pour qu’elle n’ait pas froid, Jacques lui mettait de vieux chandails usés. Donc quand on voulait se moquer de quelqu’un de mal attifé, on disait qu’il était habillé comme la chienne à Jacques !

C’est quétaine

Difficile d’avoir la vraie histoire du mot quétaine, mais l’une d’elle serait la déformation du nom de famille Keaton ou Kitten. C’était une famille du quartier défavorisé de St-Hyacinthe dans les années 40 reconnue pour ses goûts vestimentaires douteux. On pense également que « quétaine » viendrait de « quéteux ». Cette expression aurait été popularisée par Dominique Michel et Denise Filiatrault dans un de leurs sketches de l’époque. C’est quétaine désigne quelque chose de mauvais goût, démodé. En France on dirait : « C’est ringard ! »

Ne pas être sorti de l’auberge

Expression du 19e siècle. En argot français, le terme auberge signifie une prison. Comme dans une auberge, le voleur capturé trouve gîte et couvert, mais aura du mal à s’en sortir! Il n’a pas fini d’avoir des difficultés et des ennuis !

Avoir un nom à coucher dehors

L’origine de cette expression vient de l’époque où les gens demandaient le gîte la nuit quand ils étaient perdus ou quand ils parcouraient de longues distances. S’ils avaient un nom à résonance chrétienne, bourgeoise ou noble, ils avaient plus de chance de se voir offrir un endroit au chaud. Sinon, ils dormaient dehors !   Par extension aujourd’hui, cette expression signifie qu’une personne a un nom difficile à prononcer ou à retenir.

Merde

Pourquoi dit-on « merde » pour souhaiter bonne chance ? Expression qui vient du temps où l’on se déplaçait en fiacre pour aller au théâtre. S’il y avait beaucoup de crottin devant le théâtre, ça voulait dire que le cocher avait fait beaucoup d’allers et retours et qu’il avait déposé beaucoup de gens. Donc merde était synonyme de succès !

Avoir l’air magané

En vieux français, on retrouvait le mot « mahaignier » qui signifiait « blesser, estropié ». L’expression était sans doute utilisée au Québec au temps de la colonisation.  On retrouve également le mot maganer (remuer avec brutalité) en Bretagne et plusieurs variantes en Normandie, en Lorraine, au Poitou et en Suisse.

Y’a des bidous

Bidou viendrait de bidet qui était une monnaie du nord de la France jusqu’au 17e siècle. Avoir des bidous veut dire avoir de l’argent.

Prendre une brosse ou virer une brosse

Expression qui fait référence à la Nouvelle-France et  à prendre une vraie  brosse pour nettoyer la cabane avant un gros party qui allait être arrosé…

Se lever du pied gauche

Depuis l’Antiquité, le mot gauche a une connotation péjorative à cause de croyances anciennes. En latin, gauche se dit « sinister » qui donna « sinistre ». Si on se lève du pied gauche, donc du mauvais pied, on commence mal la journée !

Il y a belle lurette

Au 19e siècle, « heurette » voulait dire « une petite heure ». De « il y a belle heurette » on est passé à  « il y a belle leurette », en contractant la dernière syllabe de « belle » et la première de « heurette ». Puis, c’est devenu, « belle lurette », c’est-à-dire, il y a bien longtemps.

Les doigts dans le nez

Expression de 1912  du jargon des courses à chevaux. La course était tellement facile que le jockey avait le temps de se mettre les doigts dans le nez ! Se dit de quelque chose de très facile à faire.

Se prendre pour le boss de bécosses

Boss, en anglais veut dire patron. Bécosses vient de « back house », c’est-à-dire des toilettes médiocres derrière la maison. « Back house » est devenu « bécosse ». De nos jours, le  boss des bécosses  est quelqu’un qui se croit supérieur à son entourage et qui insupporte tout le monde.

C’est une autre paire de manches

Passer d’un sujet ou d’une occupation à un autre. Et parfois de quelque chose de plus compliqué. Expression qui remonterait au16e siècle à l’époque où les femmes changeaient leurs manches pour avoir l’impression de porter un nouveau vêtement ou en fonction des activités très différentes qu’elles allaient faire.

Ne pas être dans son assiette

L’assiette ici n’a rien à voir avec les assiettes de cuisine ! C’est une position d’équilibre et de stabilité, ex. l’assiette d’une poutre. C’est aussi la position du cavalier comme dans « avoir une bonne assiette ». Ne pas être dans son assiette signifie ne pas être très en forme.

Attendre 107 ans

Pourquoi 107 ? L’expression viendrait du temps de construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, plus grande cathédrale de France. De 1163 à 1270.  Ces chiffres ne font pas l’unanimité auprès des historiens. Mais peu importe, l’édification fut laborieuse et longue. Une éternité !

Je n’attendrai pas 107 ans pour vous retrouver avec un nouveau billet! À la semaine prochaine!

 

 

 

Photo: Caroline Bergeron Photographe

Sources:

http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/lf/Tous-les-dossiers-et-les-publications-LF/Les-expressions-imagees-quebecoises/Expressions-imagees-quebecoises/p-9269-C-est-quetaine.htm

http://www.linternaute.com/humour/magazine/dossier/d-ou-viennent-ces-expressions-bizarres-et-imagees/arriver-a-la-bourre.shtml

http://www.expressio.fr/palmares.php

10 réflexions sur “Mais d’où viennent les expressions?

  1. Il ne faudrait pas oublier:
    «C’est arranger avec le gars des vues»
    «Avoir de la broue dans le toupet»
    «Manger ses bas»

    😂😂😂

  2. Très divertissant comme chronique ! J’ai bien aimé et hâte de lire la prochaine chronique !

  3. J’ai adoré votre article!
    Connaissez-vous l’expression » Il ne faut pas pousser bobonne » ? 😊

  4. il neige des peaux de lapin ou lièvre … j’aimerais bien connaître l’origine de cette expression

Répondre à juliedupageAnnuler la réponse.

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